jeudi 29 septembre 2016
Questions environnementales en Ariège
Questions
environnementales en Ariège
Hélène BEGON – Mai 2014
Pour qui a le
bonheur d’y résider ou le plaisir de la visiter, l’Ariège est un pays
« vert », non seulement parce que le son relief induit un régime des
pluies favorable au printemps et en été, mais aussi parce que son environnement
naturel semble préservé, voire exemplaire.
Or, dans un
département même faiblement peuplé comme celui-ci (du moins depuis le grand
exode rural des 19ème et 20ème siècles), et dont les
beautés naturelles sont magistrales, « l’environnement » est une
question qui ne va pas de soi. En Ariège aussi, l’environnement doit être
« préservé », « géré », « administré », en raison
de la présence de l’Homme, et en raison de la cohabitation des hommes entre
eux.
Parce que des arbitrages
doivent être faits à chaque instant entre la place laissée à la nature (à la Nature ?)
et celle laissée à l’activité humaine ; et parmi les hommes, entre les
différents usages possibles de la nature et de ses ressources sur un même
territoire.
Et même, on peine à
imaginer la diversité et la complexité des sujets convoqués par un
questionnement sur l’environnement en Ariège.
D’autant que
l’Ariège a plus d’un tour dans son sac et sait, sur le terrain de la transition
écologique, être à la pointe de certaines innovations…
Petite présentation du
département, coté nature
Source wikipedia
L’association
des naturalistes de l’Ariège (http://94.23.240.121/ariegena/www/index.php/fr/)
rappelle que l’Ariège est un département peu banal du point de vue naturel
puisqu’il combine 3 influences climatiques (méditerranéenne, montagnarde et
atlantique), s’appuie sur 9 types de roches, s’étage sur des altitudes variant
de 300 à 3000 mètres et fait chatoyer cinq types de milieux naturels (haute et
moyenne montagne, plaines - grandes vallées, coteaux secs et milieux
aquatiques). Plus de six mille kilomètres de cours d’eau dévalent les pentes,
de la montagne à la plaine ariégeoise.
Cette variété est à l’origine d’une grande richesse
biologique : on trouve en Ariège plus de la moitié des espèces recensées
en métropole ; et puisque les naturalistes sont des scientifiques précis :
- Mammifères terrestres : 82 sur 99
- Oiseaux nicheurs : 155 sur 273
- Poissons d’eau douce : 27 sur 65
- Amphibiens et reptiles : 35 sur 85
- Papillons de jour : 160 sur 250 (selon les sources)
- Espèces végétales : 1950 sur 4900 (soit environ 40 %) - 60 espèces d'orchidées sauvages !
L’euprocte
des Pyrénées, le tichodrome échelette, la chouette de Tengmalm, l’oedicnème
criard, l’éphippigère, l’empuse, le seps strié, le Molosse de Cestoni, le petit
gravelot et son voisin le grand rhinolophe, l’alyte accoucheur, le tégénaire,
et bien sûr le chénopode bon-Henri…
Empuse
|
Molosse
de Cestoni
|
Il
est probable que l’humain n’aura pas été comptabilisé parmi les 82 espèces de
« mammifères terrestres ».
Pourtant
il est présent dans la littérature naturaliste, et de façon subtile ;
élément intégrant du milieu – après tout la présence de l’homme est attestée en
Ariège depuis – 100.000 / - 40.000 – il y joue un rôle ambigu, à la fois
créateur et destructeur de biotopes.
C’est
ainsi que sur le site de l’association des naturalistes de l’Ariège ont
trouvera des phrases à tonalité positive (pour l’humain) :
- « les pelouses [des coteaux secs], utilisées autrefois comme pâturages pour les troupeaux, étaient régulièrement entretenues par les paysans et la dent des animaux : ces milieux restaient ouverts. De nos jours l’abandon de ces pratiques fait que ces habitats tendent à s’enfricher et donc à disparaître » ;
- « Eaux dormantes, grouillantes de vie, les mares créées par l’homme sont vouées à disparaître par manque d’entretien » ;
- et le merveilleux « L’Ariège est un département plutôt rural qui compte de nombreux villages et hameaux et quelques petites villes. Ces lieux, conçus par et pour les hommes, offrent tout de même gîte et nourriture à une foule d’animaux et de végétaux qui sont parfois devenus anthropophiles » ;
ou
négative :
- « (…) une utilisation extensive des espaces par l’homme [fait] de ce département un espace globalement préservé » ;
- « Cependant certains sites sont menacés (forte fréquentation touristique, culture intensive…) » ;
- « La plaine d’Ariège est une mosaïque d’habitats naturels d’une richesse inattendue, mais son équilibre est bien sûr fragile (travaux d’aménagement, intensification de l’agriculture..) ».
C’est
que si l’homme est partie de la nature, il est acteur, et un acteur majeur, de
l’environnement. Parce que plus que toute autre espèce au monde il est capable
de le modifier, parfois sans retour. « Altération », « déséquilibre »,
« dommages », « destruction », « cataclysmes »,
bienvenue dans l’anthropocène et son vocabulaire optimiste.
Environnement, une amorce de réflexion
« Anthropocène »
est un néologisme récent – 1992 – qui désigne une nouvelle époque de la Terre
débutant à la fin du XVIIIème siècle, où l’humain (anthropos en grec) atteint
un niveau de développement technologique et surtout énergétique qui lui permet d’exercer
une influence sur le système terrestre (on pense bien sûr au changement
climatique dû aux excès d’émissions de CO2, mais le terme,
controversé, vise aussi la surpêche ou la pollution).
Paysage ariégeois modifié par un humain assisté
par ordinateur
L’émergence
d’un tel concept, qui résulte de découvertes et de prises de conscience
récentes, notamment du fait des travaux du GIEC[1]
depuis les années 1990, est un signe que les notions d’environnement et de
politiques environnementales sont en train d’évoluer, de muter même, par
l’introduction de l’urgence et du risque vital.
La
littérature philosophique interroge depuis l’Antiquité les relations entre
Homme et Nature ; et les débats théologiques ajoutent leur
sel à ce sujet déjà fort complexe ! On peut outrancièrement résumer ainsi la
question posée pendant ces longs siècles : l’homme relève-t-il de l’état
de nature ou dispose-t-il de quelque chose « en plus » qui l’en
distingue et l’en éloigne, soit pour corrompre l’homme (les mythes du Bon
Sauvage ou de la ville dégénérée), soit pour lui accorder des droits de
dominant (l’homme serait le seul être vivant capable de raison) ? Raffinons
légèrement, mais sans s’attarder, en rappelant que du point de vue de leur
distance à la nature tous les hommes n’étaient pas jugés à la même aune, et que
le « sauvage », en général, c’est l’autre (quand il n’a pas la même
couleur que vous, c’est même très pratique pour le reconnaître !)…
Dans
ces analyses étaient présentes les questions : quel bien la nature fait-elle à
l’homme ? quel mal l’homme est-il autorisé à faire à la nature ?[2]
Ces questions sont au cœur des débats, plus récents (mi-XXème siècle pour
qu’ils prennent une vraie acuité), sur l’environnement.
L’environnement est une notion plus subtile que celle de nature : il traite
de la sécurité, de la santé et du bien-être ; il évoque des échanges
(l’environnement est forcément « par rapport à quelque chose ou quelqu’un »
et en ce sens il s’approche de l’écologie, science qui étudie
les êtres vivants dans leur milieu et les interactions entre eux) ; il
varie dans le temps et
l’espace (la nature à laquelle « on » a touché n’est plus
« naturelle », elle est devenue « environnement ») ;
il prend en compte aussi les interactions de l’homme et de la nature avec des
éléments façonnés : produits chimiques, infrastructures, déchets,
carburants, OGM...
En
général les questions environnementales mettent l’humain au centre : c’est
de son environnement qu’il est question, et de sa bonne adéquation avec une vie
physique[3]
et une vie économique de qualité. Et cette bonne adéquation passe aussi par la
préservation d’éléments naturels : qualité des eaux, des sols, de l’air…
même si dans la plupart des cas il va s’agir de trouver un bon équilibre entre
exploitation et préservation du milieu naturel. D’où le paradoxe du chasseur
(je veille à la reproduction de ma future proie), du technicien de l’ONF (je
veille à la bonne santé des arbres que je couperai)…
Le développement
durable, notion créée dans les années 1980 mais qui fait florès dans
les années 2000, apporte deux dimensions nouvelles qui s’inscrivent bien dans
nos préoccupations plus immédiates. D’une part elle fait intervenir la limite,
la rareté, un risque qui ne se limite pas à ici et maintenant (une pollution
localisée par exemple) mais peut affecter un grand nombre d’humains : « par
développement durable, il faut entendre un développement qui répond aux besoins
du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux
leurs ». C’est qu’entre temps, la réduction accélérée des espèces
vivantes, la pollution des mers, la fonte des glaciers, la crainte du
« peak oil »[4], l’accroissement
de la population à quasi 10 milliards d’humains, et bien entendu le changement
climatique désormais bien documenté, ont cheminé dans les esprits. D’autre
part, en sus des notions d’économie et d’environnement déjà présentes dans les
questions environnementales, elle étend les besoins humains à la dimension
« sociale » (droit du travail, relations dans l’entreprise) et
« sociétale » (gouvernance efficace, participation citoyenne, droit à
l’information environnementale…) tout en en faisant des atouts pour la
durabilité recherchée dans les décisions collectives. .
Le Grenelle Environnement (2007 – 2010) porte
ainsi mal son nom car il comporte aussi une superbe liste de la plupart des
notions supplémentaires que recèle le développement durable : droit du
consommateur à une information sérieuse sur les caractéristiques
environnementales des produits ; meilleure performance énergétique des
bâtiments et développement des énergies renouvelables ; politique d’Etat
exemplaire ; responsabilité sociétale des entreprises ;
investissement socialement responsable ; représentativité des associations
pour prendre part au débat sur l’environnement ; rôle des collectivités
territoriales dans le développement durable ; alternatives à la notion de
Produit Intérieur Brut …
Le Grenelle Environnement est aussi l’une des
rampes de lancement d’une autre notion, celle d’économie verte (ou de croissance
verte). Sa définition est très mal assise et c’est pour cela qu’on aime
la mettre dans les discours, car elle semble sous-entendre que
« grâce » à l’écologie, l’économie peut se relancer et retrouver un
rythme de croissance créateur d’emploi ; une sorte de Xème révolution technologique
qui serait verte ; ou, alternative, une économie moins intensive qui
aurait besoin de davantage de main d’œuvre. La notion centrale est alors« l’éco-activité » :
activité (donc les entreprises, administrations, organismes de recherche…) de
protection de l’environnement (pollution de l’air, eaux usées, déchets…) et de
gestion durable des ressources (récupération, énergies renouvelables …). Et il
est vrai que depuis 1997, première année de mesure par l’INSEE en France,
l’emploi dans les éco-activités augmente significativement plus fort que dans
« l’économie traditionnelle »…pour ne représenter cependant que
455 600 emplois. La notion d’économie verte (ou de croissance verte) est
souvent moquée comme le fait de « faire du business avec la mode de
l’écologie » ; je préfère y voir les politiques privées et publiques
d’innovation technologique qui permettront d’éviter, ou à tout le moins de
limiter, les évolutions délétères qui se profilent sur le climat ou les
ressources naturelles.
La dernière notion que je vous invite à
embarquer pour la suite du parcours est celle de services éco-systémiques. Pour illustrer la notion, un
exemple classique : nous ne rémunérons pas les abeilles pour leurs
services de pollinisateurs, mais si les abeilles disparaissaient, l’humain
pourrait bien disparaître aussi. Autrement dit, les écosystèmes (la vie et son
environnement, pour rester simple), rendent des services dont la plupart nous
sont vitaux bien que gratuits ou peu coûteux[5],
services d’approvisionnement (le bois), de régulation (des crues), culturels
(plaisirs récréatifs), de soutien (humus des sols). La biodiversité est ici centrale et si je vous invite à
approcher enfin ce concept, c’est que j’en ai entendu un jour une analyse très
stimulante : à l’inverse du mot « nature » qui, dans notre
schéma de pensée traditionnel, est plutôt opposé à l’homme, la
« biodiversité » réconcilierait homme et nature puisqu’en
biodiversité ils sont complémentaires, dépendants, forment écosystème ;
cette réconciliation permettrait aux temps actuels et futurs de penser la
protection de l’environnement autrement qu’en frein systématique au
développement humain. On serait alors devant un vrai changement civilisationnel
révélé par l’emploi désormais par tout un chacun d’un mot fort récent (1986).
C’est la place de l’Ariège dans ces
évolutions que je souhaite analyser ici. Je souhaiterais aussi vous faire
toucher du doigt que les politiques de l’environnement sont une matière
complexe, aux contours mouvants, aux enjeux tout autant scientifiques
qu’humains.
Protéger l’environnement en Ariège
Les politiques de
protection de l’environnement, qu’elles soient réglementaires (il faut / il ne
faut pas) ou incitatives (je t’aide / je te fais payer), relèvent grosso modo
de trois catégories :
- le repérage des ressources naturelles fragiles à protéger, et les conditions de cette protection
- la lutte contre les sources de pollution
- l’intégration de conditions environnementales dans les projets.
Relèvent
traditionnellement de la première catégorie la protection des espèces animales
en voie de disparition ou la surveillance de la qualité des eaux et milieux
aquatiques. Ce n’est pas que pour les beaux yeux de la nature : le plaisir
qu’elle nous apporte est plus que lié aux bénéfices, notamment économiques, que
nous en retirons. C’est ainsi que la gestion pluriséculaire des forêts a son
origine dans l’armement de la flotte du Roi, que la protection des espèces
cynégétiques (gibier) a alimenté bien des querelles autour des privilèges de
chasse, et que dans les ressources naturelles surveillées – sinon protégées –
figurent de plus en plus naturellement les ressources minérales et désormais les
ressources énergétiques non renouvelables.
On protège ainsi
soit une espèce ou une ressource minérale, soit une zone (y compris au nom des
paysages).
Cette première
catégorie de politique environnementale est la plus ancienne : le premier
parc naturel est créé en 1864 aux Etats Unis (Yosemite en Californie), la liste
rouge internationale des espèces menacées date de 1963, comme le premier parc
naturel français, le parc de la Vanoise. Le droit international ou
communautaire (de l’Union européenne) y est très présent, même si les moyens
d’application relèvent surtout des Etats (d’où les difficultés à lutter contre
les trafics internationaux d’animaux ou de matières protégées).
En raison de cette
ancienneté, et de l’omniprésence des organisations internationales, la
connaissance (les données disponibles) est vaste et précise (même si,
paraît-il, on découvre de nouvelles espèces régulièrement, même sous nos
contrées)[6].
La liste rouge des
espèces menacées en région Midi Pyrénées, tenue par le comité français de
l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et le Muséum
national d’histoire naturelle, compte par exemple 25 espèces dont le gypaète
barbu (en danger), le lézard des Pyrénées (en danger critique), l’ours brun (en
danger critique) ou le vautour percnoptère (en danger).
Des plans ou
stratégies nationaux d’action existent pour ces espèces. On trouve ainsi trace,
par exemple, d’une consultation en 2012 en vue de la réintroduction du
bouquetin des Pyrénées, qui a disparu du versant français au début du XXème
siècle et du versant espagnol le 6 janvier 2000.
L’Ariège compte ainsi[7]
15 sites d’intérêt communautaire « habitat faune flore » (grotte
d’Aliou, vallée du Riberot et est du Mont Valier…), 6 zones de protection
spéciale pour les oiseaux (gorges de la Frau et Belesta, Quiès calcaires de
Tarascon-sur-Ariège et grotte de la Petite Caougno…), 18 sites protégés pour
leur biotope, l’habitat naturel ou leur intérêt géologique (pinèdes à crochet
du plateau de Beille, carrière de Sabarat…), 303 Zones Naturelles d'Intérêt Ecologique Faunistique
et Floristique (tourbières de la Restanque, soulane du massif de l’Arize…), 2
terrains acquis par un conservatoire d’espaces naturels, 1 réserve nationale de
chasse et de faune sauvage (Orlu), 4 réserves biologiques dirigées (Carcanet,
sapinière de l’Isard…), 17 sites classés[8]
selon les critères pittoresque, artistique, historique et scientifique (le plus
récent étant le site du bassin
hydro-géologique du bassin du Volp (le massif karstique et les paysages
remarquables qui lui sont liés) à Montesquieu Avantes, par décret du 21 juin
2013)… Lorsque le schéma régional de cohérence écologique Midi Pyrénées aura
été élaboré, il faudra y ajouter une « trame verte et bleue », c’est
à dire des corridors de continuité écologique pour la faune et la flore.
Et bien
sûr un parc naturel régional, le Parc des Pyrénées ariégeoises[9],
créé par décret du 28 mai 2009 (ce n’est pas le dernier né, lui sont
postérieurs les parcs des Ardennes et des préAlpes d’Azur). Il représente 2465 km2 sur 142 communes pour 42000
habitants, ce qui en fait un PNR de taille conséquente. Un parc naturel a pour
vocation d’organiser, selon une charte et avec un syndicat mixte composé
d’acteurs locaux, un bon équilibre entre la protection des ressources (y
compris culturelles) et le « développement » : protection de la
faune et de la flore, restauration du patrimoine rural, préservation des
paysages traditionnels, promotion des économies d’énergie et des énergies
renouvelables, management environnemental, éducation au territoire,
valorisation de la forêt et du bois, promotion des savoir-faire et produits
locaux, tourisme durable…
Parc
des Pyrénées ariégeoises
Ainsi
qu’un projet de Réserve Naturelle Régionale (RNR) sur le territoire
de la confluence entre la Garonne et l’Ariège, en toute limite nord de l’Ariège
porté par l’association Confluences
Garonne Ariège., en cours d’instruction par le conseil régional de Midi
Pyrénées. De Toulouse à Venerque, le
corridor fluvial de la confluence Garonne-Ariège offre en effet par sa mosaïque
de terrains boisés, prairies humides, falaises et cultures, une diversité de
paysages et d’habitats, favorables à de nombreuses espèces animales et
végétales.
Lorsqu’une zone ou
une espèce est classée, cela induit bien sûr des restrictions d’usage et des
contraintes, inscrites notamment dans les documents d’urbanisme (les anciens
plans d’occupation des sols, au niveau communal, devenus « plans locaux
d’urbanisme » en 2000).
De la même façon les
ressources sont, sinon toujours protégées, du moins organisées. Comme tous les
départements, l’Ariège dispose d’un schéma des carrières, d’un atlas des
paysages[10],
d’une surveillance du bon état des masses d’eau, …
Elle est couverte par le schéma régional du climat, de l'air
et de l'énergie Midi Pyrénées[11]
approuvé en 2012, qui liste 84 communes[12]
(nord et nord est, dans
la plaine) situées dans une zone favorable au développement de l'éolien et
classe la quasi totalité de l’Ariège en sensibilité paysagère forte et
en contrainte moyenne et forte en matière de biodiversité.
Elle est
particulièrement concernée par le régime des concessions hydro-électriques (la
« houille blanche » dont les Pyrénées et notamment l’Ariège font si
grand usage), entre développement des énergies renouvelables pour lutter contre
le changement climatique et … protection des espèces et de la santé des berges[13]..
D’autres conflits d’usage existent en matière d’eau, du fait par exemple des
besoins du maïs en irrigation.
On n’imagine
probablement pas, quand on ne s’est jamais promené dans les bases de données
publiques, et notamment celles développées par l’INSEE, à quel point l’occupation
du territoire est connue et recensée. La source Corine Land Cover nous
renseigne ainsi très précisément sur le fait qu’on compte en 2006 en Ariège zéro
hectare de bananeraies … mais 897,8 ha de carrières et mines, 48 062,21 ha
de « surface des systèmes culturaux et
parcellaires complexes », 17 230 ha de roches nues, 103,65 ha
d’aéroports, 67,48 ha de surface occupée par des équipements sportifs et de
loisirs, etc. pour ne prendre qu’une partie des catégories disponibles !
En matière de lutte contre les
pollutions, notre deuxième catégorie des politiques environnementales ces bases
de données publiques nous informent que l’Ariège compte zéro ha occupé par des
décharges (en plein air, non traitées), 480 « sites abandonnés ou non
actuellement recensés comme susceptibles d’être pollués », 21 « sites
et sols pollués faisant l’objet d’une action publique » (pour leurs
déchets vecteurs potentiels de contamination des eaux souterraines et de
surface) dont les sites occupés par les anciennes mines de Carboire, Abères et Bédole,
Moncoustan où l’on trouve encore plomb et zinc mais en quantités non
dangereuses, 87 installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE)
(soumises à autorisation ou à déclaration, selon leur niveau de dangerosité)
dont 18 carrières et 10 élevages (le nombre des ICPE a beaucoup baissé dans les
dernières années, du fait de la fermeture de nombre d’usines…)…
On dispose aussi de foule de
renseignements statistiques concernant les déchets, dont on vous fera grâce.
Apprenez cependant que l’Ariège compte 19 déchetteries pour environ 36 000
tonnes de déchets annuels dont 191 tonnes de déchets dangereux, 6 785
tonnes de matériaux recyclables, 12 445 tonnes de déchets verts,
6 797 tonnes d’encombrants, 1 329 tonnes de déchets électriques et
électroniques… Sur ces 36 000 tonnes, seules 11 830 seraient
recyclées. Ici, c’est l’agence de l'environnement et de la maîtrise de
l'énergie (ADEME) qui enquête. Un très gros effort a été fait dans les années
2000 pour éliminer les décharges sauvages, nettoyer le lit des ruisseaux…. Dans
le même temps se développait une activité de recyclage et réemploi par des
entreprises de « l’économie sociale et solidaire », comme Emmaüs,
implanté depuis 2000 en Ariège.
Quand j’étais petite fille, à
Magnoua au-dessus de Gabre, on mettait dans la brouette du jardin les sacs
poubelle et tous autres déchets, plus un ou deux enfants par roulement, et on
montait gaiment la pente jusqu’au-dessus de Comavère pour déverser le tout
(sans les enfants) dans un trou sous le petit pont. Monsieur Vergé mettait le
feu à l’ensemble, plusieurs fois par an, avec de l’essence. Il y avait aussi
des déchets de produits de jardinage ou agricoles, quelques carcasses
d’appareils électro-ménagers qui mettaient plus de temps à se désagréger. A cet
endroit, au-dessus des pâturages, passent plusieurs ruisselets, c’est en pente…
La troisième modalité de protection de
l’environnement est celle qui va imposer de tenir compte de l’impact
environnemental d’un projet (route, voie ferrée, remembrement, grande
installation d’élevage…) ou d’un plan (document d’urbanisme, schéma
d’aménagement des carrières, parc …). Le responsable du projet va réaliser une
étude d’impact environnemental qui fera partie des documents soumis à l’enquête
publique (consultation des citoyens et organismes intéressés) ; sur la
base de cette étude il étudiera son projet dans le but 1) d’éviter les
atteintes à l’environnement 2) sinon de les réduire 3) au pire de les
compenser. Depuis le milieu des années 2000 une Autorité environnementale (le
préfet de région ou, pour les plus grands projets, le conseil général de
l'environnement et du développement durable du ministère de l’écologie) évalue
même la qualité de cette étude d’impact environnemental réalisée par le
responsable du projet. Il est admis que ces procédures ont permis de réduire
les atteintes à l’environnement, même si elles ne sont pas suffisantes en soi
(les bureaux d’étude n’ont pas toujours les compétences, notamment
naturalistes, requises ; les impacts indirects ou secondaires ne sont pas
faciles à estimer ; les mesures compensatoires (replantation d’arbres, par
exemple) peuvent prendre des dizaines d’années avant d’avoir un effet
significatif, alors que l’impact négatif était majeur et immédiat, etc.).
Pour l’Ariège on
relève ces dernières années, en dehors de modifications de plans locaux
d’urbanisme communaux ou intercommunaux, des avis de l’autorité
environnementale régionale sur le schéma départemental des carrières, la
création d’une station de traitement d’eaux usées à Vernajoul, d’une zone d’activité
à Tarascon sur Ariège, de la déviation
de la RD 117 à Prat Bonrepaux, de centrales photovoltaïques, d’un dispositif de
méthanisation dans une fromagerie…
Rien qui relève de
l’autorité environnementale nationale. Bien sûr, si un jour un projet autoroutier,
magnifique serpent de mer ariégeois (si, c’est possible !), revenait à la
surface, il en irait autrement…
Voici pour la vision
administrée et quelque peu lisse des questions environnementales en Ariège. En
rester là serait faire très lâchement fi de sujets brûlants… L’ours ? Vous
me l’ôtez de la bouche ! Un très beau sujet d’embrouilles, l’ours. Mais
s’il n’y avait que lui … !
Vivre ensemble
Vivre
ensemble. Faire cohabiter l’homme et la nature, et les hommes entre eux à
propos de la nature et de ses ressources.
Ne
faisons pas de philosophie politique, restons pragmatiques et même
technocratiques : telle est la mission, du côté de l’Etat, des préfets et
de leurs services que sont en l’occurrence les directions régionales de
l'environnement, de l'aménagement et du logement (DREAL), les directions
régionales de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt (DRAAF) et les
directions départementales des territoires (DDT). Les premières et troisièmes
relèvent peu ou prou de la sphère du ministère du développement durable (c’est
plus compliqué mais pas de détail ici !), les deuxièmes du ministère de
l'agriculture ; notons au passage que contrairement à ce qu’on pense
généralement, les agents de l’Etat formés à la « nature » et à « l’environnement »
se trouvent traditionnellement dans ce dernier ministère davantage que dans
celui chargé du développement durable !
C’est bien entendu
la mission des collectivités territoriales, qui se voient reconnaître des
compétences croissantes sur l’environnement via la planification de l’espace et
des activités économiques.
Et des associations qui, si elles ne sont pas nouvelles venues dans le
paysage, sont désormais soumises à un agrément de représentativité, qui est le
corollaire de leur consultation désormais automatique sur les débats publics
relatifs à l’écologie. Ainsi en Ariège sont agréées comme associations de
protection de l’environnement : la fédération départementale de pêche, la fédération
départementale des chasseurs, l’association des naturalistes de l’Ariège et le
comité écologique ariégeois (CEA) [14]
qui se présente ainsi : « Le CEA
prend position dans des affaires très variées concernant aussi bien le
nucléaire, les autoroutes, les routes forestières, les coupes abusives, l’ours,
le braconnage, les animaux dits nuisibles, les usines polluantes, les
décharges, les carrières, les centrales hydrauliques, le balisage anarchique,
les refuges-hôtels, les sports dits de nature, les stations de ski, les golfs,
le moto-cross, les 4X4, les aéroports, les lignes THT, l’urbanisation
outrancière, les stations d’épuration, les O.G.M., les pesticides, … Bref, la
liste est longue. Et les actions en justice, multiples, permettent de
s’assoupir… un instant. (Toute bonne volonté est donc la bienvenue.) ».
C’est
au niveau régional qu’on trouvera dans la liste agréée une majorité de ces
associations que le grand public associe plus spontanément à l’environnement : France
Nature Environnement, Nature Midi Pyrénées-agir ensemble pour la nature, Les
Amis de la Terre (et la fédération régionale des chasseurs).
Les acteurs étant en
place, sur quoi s’écharpe-t-on discute-t-on ?
A tout seigneur tout
honneur …. les abeilles. On l’a évoqué au début de cet article, si les abeilles
disparaissent l’humain ne disparaît pas loin derrière (pour simplifier…). Or,
« Un
mal mystérieux décime les ruches ariégeoises » nous apprend le journal Le
Monde du 7 avril de cette année, mal provoquant la disparition d’environ 20%
des colonies.
Les
vallées froides ont été particulièrement touchées. Certaines zones sont mieux
épargnées, sans que l'on sache vraiment pourquoi. Le varroa, un acarien
parasite de l'abeille, a été soupçonné. Mais les premiers prélèvements l'ont
mis hors de cause. Une campagne de visites de ruchers menée en décembre par
l'Association de développement de l'apiculture en Midi-Pyrénées a abouti à la
conclusion que « la proximité d'un environnement en zone d'élevage semblait
être le seul point commun » aux
colonies détruites.
Autrement
dit, il s’agit d’un cas de « cohabitation difficile entre éleveurs et
apiculteurs [690 en Ariège] » dont
est saisi le coordinateur ministériel du plan de développement durable
de l'apiculture (sic) : « de nouveaux antiparasitaires
dans les élevages comme l'Ivermectine » seraient en cause [je ne me prononce
pas, d’ailleurs je n’y connais rien ! - HB].
Et l’ours…
Pour recevoir
toute l’actualité sur l’ours des Pyrénées, inscrivez-vous ici
[15](site
public, tenu par le ministère du développement durable).
L’ours Boutxy à Mijanès (Ariège) -
©Jean-François ITTEL
Il restait 70 ours
en 1954 dans les Pyrénées, 15 à 20 en 1984. En 1996 un plan de réintroduction
débute et 2 ourses slovènes, expérimentatrices devenues célèbres, Ziva et
Melba, sont relâchées ; la deuxième s’installe en Ariège où, dédaignant
les sites de nourrissage disposés pour tenter de l’y fixer, elle préfère
s'intéresser de près aux troupeaux de moutons qui estivent dans les montagnes
voisines. S’ensuivent demandes de capture, morts d’ours de façon plus ou moins
naturelle, pétitions et manifestations dans un sens et dans l’autre, programmes
d’indemnisation, accélérations et décélérations politiques…
En 2013, le réseau
Ours brun de l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage a détecté la
présence de 24 ours dans les Pyrénées. En 2012, l'effectif détecté était de 22.
Parallèlement, la DREAL Midi-Pyrénées vient de rendre public le bilan officiel
des dégâts d'ours, qui montre une forte baisse : 172 bêtes tuées en 2013 contre
272 en 2012, soit une baisse de 38%.
Source : http://www.paysdelours.com/
Et l’on apprend, toujours par le journal Le Monde, le 16 avril dernier,
que « Les défenseurs de l'ours remportent une bataille juridique contre
l'Etat ». La cour
d'appel de Bordeaux a en effet confirmé l'annulation partielle d'un arrêté pris
par la préfecture de l'Ariège en 2011 parce que celui-ci ne prévoyait pas une
protection suffisante de l'ours.
Dans
leur arrêt, les magistrats estiment que la chasse en battue du sanglier, « autorisée
dans un territoire fréquenté par l'ours brun, est de nature à perturber ce
dernier durant ses périodes de préhibernation automnale et même d'hibernation,
au cours desquelles il a besoin de pouvoir, en toute quiétude, se constituer
des réserves suffisantes ainsi qu'une zone de tanière », en rappelant que trois ours ont été
accidentellement abattus et trois autres ont été blessés depuis 1994 du fait de
tirs de chasseurs dans l'ensemble du massif pyrénéen.
Les
associations Ferus et Comité écologie ariégeois estiment que « Cette
victoire juridique [...] va contraindre les représentants de l'Etat à mettre en place des interdits plutôt que des
préconisations ». Affaire à
suivre…
La réintroduction du
bouquetin (60 ou 80 ou 160 bêtes, selon les sources…), soutenue par le parc
naturel régional des Pyrénées ariégeoises, suscitera-t-elle moins de
polémiques, s’agissant pour ce fier animal de chasser plutôt l’herbe que le
mouton ?
Pourquoi vouloir
réintroduire le bouquetin un siècle après sa disparition des Pyrénées
françaises ? Pour le directeur du parc Matthieu Cruege : «Parce que
c’est un élément de patrimoine ! (…) Jusqu’à il y a cent ans, il faisait partie
de la vie des Ariégeois (…). C’est aussi une question de biodiversité et un
plus en termes d’activités sur le plan pédagogique, culturel et touristique. La
réintroduction des bouquetins était un projet inscrit dans le programme
d’actions du parc lors de sa création en 2009, on y est presque.» (La
Dépêche 2 juillet 2013).
Moins de polémique
sans doute, mais elle n’est pas absente : on soupçonne déjà les chasseurs
de soutenir le bouquetin pour… ses beaux trophées, ce « à terme » (la
protection doit être organisée dans les premiers temps pour voir la population
monter à 300 bêtes espérées) ; et les éleveurs craindraient de manquer
d’herbe pour cette pagaille d’ongulés domestiques et sauvages qui se promèneront
dans les pacages…
Source : http://www.buvettedesalpages.be
Mais il n’y a pas
que la faune sauvage qui déchaîne les passions ariégeoises.
Le gaz de
schiste par exemple ; oui l’Ariège aura tout vu, même le gaz de schiste,
avec sa polémique qui enfle et enfle, entre les tenants de la compétitivité énergétique
et industrielle française et les défenseurs des nappes phréatiques et des
paysages (pour faire simple, et même simpliste).
Source : www.futura-sciences.com
Aura tout vu… du moins en
théorie. Car pour le moment il n’est
question que d’explorations en sous-sol. Un permis, dit « de
Foix », a en effet été accordé en 2006 à la société canadienne Encana pour
l’exploration d’une surface à cheval sur l’Ariège, l’Aude, la Haute-Garonne et
les Hautes-Pyrénées. Or, à Ménigon (Ariège) et Franquevielle (31), des forages
auraient été effectués en 2007 ou 2008 en utilisant la fracturation
hydraulique, ce procédé actuellement interdit en France et dont ce seraient les
seuls cas d’usage en France. Et ce, sans aucune concertation avec les habitants
ni avec les élus locaux, et visiblement sans succès ; le directeur d’Encana
Mario Savard aurait jugé dès 2007 la probabilité de trouver du gaz assez
faible, «entre 12 et 15%». L’atout principal du «permis de Foix» serait sa proximité avec un
réseau de gazoduc Sud Ouest géré par Total. Le conseil général de Haute-Garonne
a émis un vœu le 21 avril 2011 s’opposant à toute délivrance de permis de
recherche et d’exploitation d’hydrocarbures non-conventionnels dans le
département.
La recherche de gaz
n’est pas nouvelle dans le département, et la liste d’anciens puits
d’exploration est longue. Des recherches ont par exemple déjà eu lieu à Pailhès
en 1984 sans révéler aucun indice, pas d’indice non plus au Mas d’Azil en 1963.
Autre sujet médiatique, les énergies
renouvelables.
D’abord, l’éolien.
Un projet de parc de 11 éoliennes a été approuvé
sur les territoires des communes de Gudas au niveau du col du Rébéou et Malléon
au niveau du mont Pastouret (les deux à l’est de St Jean de Verges), dans une
zone classée « zone de développement de l’éolien terrestre », en
décembre 2011 par la préfecture de l’Ariège. Les mats des machines, installées
en crêtes, feraient entre 80 et 110 m de haut. Le projet (six éoliennes à Gudas
pour un total de 15 mégawatts, cinq éoliennes à Malléon pour un total de 12,5
mégawatts) est porté par la société "Energies des
collines d’Ariège", filiale
de Velocita elle-même filiale du groupe américain spécialisé dans l’énergie
Riverstone… et combattu par l’association Vent Contre Nature. Une consultation
publique (statut informel) a été lancée le 2 mai 2014 (http://collinesdariege.parc-eolien.info/).
Autre
projet d’éoliennes (4 à 6) sur le plateau de Camarade (canton du Mas d’Azil),
porté par EDF énergies nouvelles (EDFen).
Et son animation locale : « Le 25 février 2014, une chèvre et un bouc accompagnés de 40 personnes
se sont invités dans les locaux toulousains d’EDF énergies nouvelles. Ils
souhaitaient exprimer de vive voix leur refus du projet de parc éolien à
Camarade. Sans informations d’EDF EN depuis des mois, ils voulaient savoir
pourquoi ce projet n’était pas arrêté » (source Information Anti Autoritaire Toulouse et Alentours[16])
Une deuxième zone
classée « zone de développement de l’éolien terrestre » existe en
Ariège sur les communes de Viviès-Coutens-Tourtrol (vallée de l’Hers, du côté
de Mirepoix) par arrêté du 3 juin 2008.
Un projet, lui aussi contesté, est porté sur les communes de
Troye d’Ariège, Léran et Régat par la société Raz Energie. Le permis de
construire a été déposé.
En bref, aucune éolienne (encore installée). Au 31 décembre
2013, 28 MW de projets d’énergie éolienne étaient « en instruction »
(l’objectif du schéma régional du climat, de l'air et de l'énergie pour
l’Ariège est de 115 MW, 10% des objectifs pour la région…).
Pourquoi les éoliennes, pourtant instruments de ces énergies
renouvelables non carbonées si nécessaires pour lutter contre le changement
climatique[17],
suscitent-elles l’ire ? A cause du paysage, du bruit, … de la difficulté
d’accepter l’enrichissement que cela constitue pour des entreprises privées
alors que les inconvénients sont pour les riverains. Comme très souvent en
matière d’environnement, les crispations se fixent sur des présentations mal
préparées, des concertations mal organisées, un climat de méfiance accru entre
acteurs économiques et habitants, les élus ayant le plus grand mal à définir
une position moyenne.
Ensuite, l’énergie
solaire photovoltaïque.
Il ya deux grandes
sortes d’installations photovoltaïques : grosso modo celle que vous
installez sur votre toit et celle qu’une société installe, en quantité plus
industrielle, en plein champ.
Le photovoltaïque
« individuel » a connu un fort engouement jusqu’à ce que les aides
publiques s’amenuisent et que certains projets d’investissements deviennent peu
ou pas rentables (l’énergie produite sert à alimenter le foyer, mais surtout le
surplus est revendu à tarif favorable au réseau EDF). On voit de plus en plus
de panneaux sur les toits des maisons (bientôt il ne sera plus possible de
faire une photo « vue d’en haut » d’un mignon petit village typique sans la voir
… heu … agrémentée de reflets bleus brillants un peu partout…) mais aussi dans
les exploitations agricoles (les chambres d’agriculture s’en font les
militantes car cela constitue un complément de revenu appréciable, avec la
méthanisation (production de gaz à partir des déchets de la production)).
Plusieurs entreprises d’installation de panneaux photovoltaïques d’Ariège font
leur publicité sur internet, où elles recherchent aussi leurs futurs employés. L’Ariège
est un endroit privilégié pour ce type d’installation, qui nécessite un bon
degré d’ensoleillement (ça, ça va) et qui est particulièrement utile dans les
lieux isolés (ça, on en a aussi plein).
L’Ariège du fait,
donc, de son ensoleillement (2000 heures par an) mais aussi de la disponibilité
de terrains même en plaine (quoique le monde agricole – et parfois même
l’administration – puisse considérer qu’il s’agit d’une concurrence aux terres
agricoles), s’équipe également de« parcs photovoltaïques » (ou
« centrales photovoltaïques », ou « fermes solaires »).
Celui, en fin de construction, de Daumazan sur Arize était censé, au moment des
études préalables, être le plus vaste de France ! Il est tout de même
assez imposant : 10 MW sur 27 ha, ce qui en fait le 1er de Midi
Pyrénées et le 11ème de France. Des haies devraient le dissimuler
dans le paysage…
Le premier parc
ariégeois avait été inauguré en 2011 par la société allemande Juwi, à Saint
Amadou au lieu-dit Sabaranis dans la plaine agricole de l’Hers, sur 24 ha (environ
la surface de 30 terrains de football) pour une puissance de 8,5 MW (correspondant
à l’énergie nécessaire pour le chauffage, l’eau chaude et la cuisson de
4 900 personnes).
Le parc
photovoltaïque de Saint Amadou – Source Ariegenews
Les statistiques
reflètent cette croissance rapide, qui devrait encore s’accélérer:
Ariège
|
2009
|
2010
|
2011
|
2012
|
2013
(provisoire)
|
|
Puissance électrique installée (et reliée au
réseau) en photovoltaïque
|
KW
|
1 863
|
5 541
|
22 100
|
?
|
32 200
(6,5% de la région)
|
Nombre d'installations en photovoltaïque
|
Nombre
|
220
|
636
|
1031
|
?
|
1 359
|
L’énergie photovoltaïque représentait en KW en 2011 1/3 de l’énergie hydro-électrique
produite en Ariège, où on sait qu’elle est particulièrement bien implantée (sa
croissance continue aussi, mais beaucoup plus lentement).
Les bases de données éoliennes et photovoltaïques sont accessibles
sur : http://www.pipygeo.fr
Observatoire
Pyrénéen du Changement Climatique - Eléments de caractérisation géologique des
zones de référence[18]
Il y a cependant des situations qui s’imposent à l’œil nu : les climatologues de l’observatoire pyrénéen du
changement climatique (créé en 2010 entre trois régions françaises, quatre
communautés autonomes espagnoles et la principauté d'Andorre) ont compilé plus
de 180 rapports et études scientifiques qui démontrent la réalité du changement
climatique dans les Pyrénées. Ces études font prendre conscience du caractère
vulnérable du massif pyrénéen.
Le «Bilan de masse » du glacier d’Ossoue (massif du Vignemale – Hautes
Pyrénées), photo ci-dessus, choisi comme indicateur par l’Observatoire National sur les Effets du Réchauffement Climatique (ONERC) et suivi par l’Association Moraine, est chaque année négatif depuis le
cycle 2001-02. En 10 ans, le glacier a perdu environ 15,8
mètres d’épaisseur. Cette régression glaciaire est observée sur
toute la chaîne pyrénéenne. Depuis 1911, le glacier d’Ossoue s’est raccourci de
540 mètres. En 100 ans, sa superficie est passée d’environ 110 à 45 hectares,
soit une perte de surface de 59%. Selon
l'observatoire, la température moyenne des Pyrénées a augmenté de 1,1°C entre
1906 et 2005 (contre. 0,74°C pour l’ensemble de la métropole).
Certes,
le recul des glaciers pyrénéens n'est pas un phénomène nouveau puisque un
premier processus de dégel pour les petits glaciers sur ce massif a pu être
remarqué entre 1750 et le début du 19e siècle. Entre 1880 et 1980, au moins 94
glaciers ont disparu. Les Pyrénées seront peut-être bientôt sans glaciers,
selon des chercheurs espagnols.
On voit que notre
petite Ariège concentre bien des débats environnementaux de niveau national et
même international. Cela est dû à la grande variété de son sous-sol et de son
relief, au caractère préservé voire sauvage de ses sommets et lointaines
vallées, à sa faible densité de population et d’infrastructures économiques.
France Nature
Environnement Midi Pyrénées liste ainsi les « points noirs » en
Ariège[19] :
la disparition progressive
du Grand Tétras ;une gravière à Saverdun ; la pollution des eaux à
Montjoie en Couserans ; la pollution du ruisseau de Cassé par ruissellement
de matière organique à Tarascon sur Ariège ; la destruction de terres agricoles a
proximité de ZH, ZNIEFF, ZICO et Natura 2000 [zones protégées] à Auzat à cause
de l’unité touristique nouvelle. Et ajoute à sa liste des dossiers
chauds : « la prolifération » des gravières, carrières et sablières
en vallée de basse Ariège et un projet de
micro-centrale électrique à Melles (Couserans).
Et,
tout de même mais bien seul, un « point vert » : un programme de
développement du télétravail à Ariège Expansion, l’agence départementale de
développement économique ! Exemple démonstratif des liens que le « développement
durable » opère entre environnement et social / sociétal : ici se
mêlent économies d’énergie et réduction des émissions de gaz à effet de serre
(moindres déplacements) et bien être accru des salariés par une organisation
plus souple du travail … et une réduction de leurs dépenses en carburants, ce
qui est toujours bon à prendre.
Préparer le monde de demain … ou d’avant-hier
… ou d’après demain
Le développement durable
ne réside donc pas que dans la protection de la nature pour la santé, pour le
plaisir, pour la liberté, pour les générations futures.
Il recèle une
organisation nouvelle, un « nouveau paradigme » selon les termes
couramment employés dans la sphère « écolo ». Loin du
« greenwashing[20] »,
il générera des « éco-citoyens », des « consom’acteurs »,
des salariés formés aux nouvelles compétences vertes de leur métier (le maçon à
la performance énergétique du bâtiment, le banquier aux bonnes conditions
environnementales de l’investissement projeté…). Entre « croissance
verte » et « décroissance heureuse », il recélera en tout cas
moins de nuisances qu’aujourd’hui [j’emploie le futur, c’est plus dynamisant
que le conditionnel !].
Commençons
ici à en traquer les indices via les deux autres piliers du développement
durable : économique et social/sociétal.
Pour l’économique, l’Ariège ne joue pas dans la
cour des grands, ni des moyens.
Aucune entreprise
ariégeoise n’apparaît dans la liste des 70 entreprises adhérentes du club des
éco-entreprises de Midi Pyrénées. Dans son annuaire, 5 % des
1 800 éco-entreprises de la région sont basées en Ariège, mais sur
des créneaux déjà anciens (où la France est un des leaders mondiaux) : eau
et déchets.
SOCIETE ARIEGE
DECHETS
|
Déchets /
Récupération
|
LAROQUE
D'OLMES
|
SOCIETE ATELIER
AZUR
|
Déchets /
Récupération
|
CARLA BAYLE
|
SOCIETE
VIDANGE DU PAYS D OLMES
|
Déchets /
Récupération
|
LAVELANET
|
LAMBERT PATRICE
|
Déchets /
Récupération
|
CAZAVET
|
SIEURAC ANDRE
|
Déchets /
Récupération
|
LEZAT SUR LEZE
|
SOCIETE AGERIN
|
Gestion
rivière - hydraulique fluviale, risques naturels
|
CRAMPAGNA
|
SOCIETE ARIEGE
CISAILLE
|
Déchets /
Récupération
|
VARILHES
|
SOCIETE BIOVERRE
|
Déchets /
Récupération
|
VERNIOLLE
|
SOCIETE CASSE
AUTO JACKY
|
Déchets /
Récupération
|
PAMIERS
|
SOCIETE CASSE
AUTO JACKY
|
Déchets /
Récupération
|
VARILHES
|
SOCIETE CHAROULEAU
|
Collecte et
traitement des eaux usées
|
LAVELANET
|
SOCIETE
DESAMIANTAGE PYRENEES
|
Démantèlement
Déconstruction
|
VARILHES
|
SOCIETE ETABLISSEMENTS
FAURE
|
Déchets /
Récupération
|
MAZERES
|
SOCIETE LE MOULIN
|
Microcentrale
hydroélectrique
|
SAINT GIRONS
|
SOCIETE MAZARD
PIECES AUTO 09
|
Déchets /
Récupération
|
LORP
SENTARAILLE
|
SOCIETE SAICA
NATUR SUD
|
Déchets /
Récupération
|
LORP
SENTARAILLE
|
SOCIETE SARL
EDECIMO RECUPERATION
|
Déchets /
Récupération
|
VARILHES
|
SOCIETE SARL MIQUEL
|
Collecte et
traitement des eaux usées
|
SAINT GIRONS
|
SOCIETE SCIC
ARL VERTEX
|
Déchets /
Récupération
|
LAVELANET
|
SOCIETE
SCICARL DU PLANTAUREL
|
Déchets /
Récupération
|
VARILHES
|
SOCIETE SITA
SOLVING
|
Déchets /
Récupération
|
PAMIERS
|
SOCIETE VEREL
|
Production
d'électricité
|
SEIX
|
SOCIETE WCMI SOPEDOL
|
Déchets /
Récupération
|
LAROQUE
D'OLMES
|
STE B.R.L BRETON
RECYCLAGE LOCATION
|
Déchets /
Récupération
|
VERNIOLLE
|
STE SOCIETE DE
RECUPERATION ARIEGEOI SE
|
Déchets /
Récupération
|
TARASCON SUR
ARIEGE
|
STE VEOLIA EAU
COMPAGNIE GENERALE
|
Captage,
traitement et distribution d'eau
|
PAMIERS
|
Mais
9 autres entreprises ariégeoises référencées sur le site MaisonBio.Info ne
figurent pas dans cette liste… Ni les quelque 340 exploitants agricoles bio (7ème
département français pour la surface agricole utile consacrée à la cette forme
d’agriculture) – Source Agence Bio…
Si
sur la page d’accueil du site internet de la chambre d’agriculture d’Ariège la
première mention est « produire durablement », avec 4
conseillers identifiés pour le service Territoire et Environnement, je n’ai pas
repéré d’expérimentation un peu pointue ou d’ambition un peu forte.
Ariège-eco.com,
le portail de l’économie d’Ariège
Expansion, l’agence départementale de développement économique, évoque des
éco-industries mais celles-ci renvoient très essentiellement à l’énergie, pour
de petits volumes (éolien, photovoltaïque, hydro-électrique), et pas à de la
recherche et développement plus poussée.
Dans les très
intéressants chiffres clés de la CCI de l’Ariège[21],
- qui malheureusement ne fait pas de zoom sur des thématiques liées à
l’économie verte que ce soit en production ou en consommation - on constate
qu’aucun des principaux établissements du département n’occupe le créneau des
éco-filières, même s’ils auront dû s’adapter à la législation environnementale
régissant leur activité productive :
Le club du développement
durable de la chambre de commerce et d'industrie de l’Ariège compte quelques
entreprises locales (ne sont indiqués que les membres du bureau du
club…) :
MINOTERIE
MERCIER CAPLA
|
SICAMI
GAMM VERT
|
MAPAERO
|
NATURA
MUNDI
|
MATEO
DISTRIBUTION
|
SOTAP
CAROL
|
ENERGIE
RENOV
|
BEIBI
|
CLARAC
ESPACES VERTS
|
ARGENE
BIOMERIEUX
|
Son but n’est pas de
réunir des éco-entreprises mais de mener l’ensemble des entreprises vers des
conditions de production et de management plus respectueuses de l’environnement
et plus responsables socialement. Il ne semble pas très actif … du moins sur
internet ; mais après tout le site n’est peut-être pas tenu à jour ?
La CCI mène également des actions pour amener des entreprises à adopter des
démarches de responsabilité sociétale des entreprises (la RSE concerne les
modalités d’intégration du développement durable par l’entreprise :
réduire son impact environnemental, veiller au bien être des salariés,
organiser un partenariat durable avec ses sous-traitants, rayonner sur le
territoire…).
Lorsque j’ai cherché
mention de l’organisation de débats locaux liés au débat national sur la
transition énergétique en 2013, j’ai trouvé plusieurs réunions en Ariège
d’avril à juin 2013 animées par le parti Europe Ecologie Les Verts, avec José
Bové en guest-star à Foix et à Saint Girons … mais pas « labellisées »
au titre du débat national !
Si j’en juge par son site
internet et ses rapports d’activité, l’agence régionale du développement
durable de Midi Pyrénées, l’ARPE, se soucie encore assez peu du contexte
ariégeois sauf via son parc naturel régional et sa participation au volet
environnemental du futur schéma de cohérence territoriale (SCOT) de la vallée
de l’Ariège. Avec une exception intéressante : le dossier de la gestion
environnementale des refuges en montagne. Et un seul trophée développement
durable de la région Midi Pyrénées depuis 2002 : en 2012 prix décerné à l’entreprise ariégeoise « Bye bye Halogène en
Midi-Pyrénées »,
Manufacture Française de la LED, a été distingué pour sa détermination à
remplacer sur l’ensemble de Midi-Pyrénées toutes les lampes halogènes
fonctionnant plus de 10 heures par jour par des ensembles à LED, fabriqués à
l’échelle régionale (à Lavelanet et à Toulouse)
Si l’agence locale de l’énergie du
département de l’Ariège donne quelques informations sur les énergies renouvelables,
il semble que l’agence Phébus Ariège[22]
s’assigne à ce sujet une mission plus militante.
L’université de Foix ne semble compter qu’un
seul cursus dirigé vers le développement durable, celui du tourisme durable
(dont il est cependant un des leaders nationaux).
J’ai trouvé zéro
hébergement touristique bénéficiant de l’écolabel, 3 campings et une résidence
de tourisme affichant la Clé Verte, 2 gîtes Panda, ce qui est peu pour un
département à vocation touristique affirmée (1 540 établissements d’hébergement
touristique).
Pourtant ce serait en Ariège, selon l’INSEE[23],
que l’on compterait le plus d’éco-emplois de la région Midi Pyrénées (1%) en
2009, ce en raison des activités liées à l’eau … mais aussi de la faible
population active ariégeoise.
Emplois
totaux et dans les éco-activités par département de Midi-Pyrénées en 2009
|
|||||
Département
|
Emploi total
|
Éco-emplois
|
Dont domaine de l'eau
|
Dont domaine des déchets
|
Part des éco-emplois dans l'emploi total (%)
|
Ariège
|
54 770
|
525
|
271
|
185
|
1,0
|
En revanche pour ce
qui est du « sociétal », c’est à dire de l’engouement de son tissu
social pour des formes alternatives et durables de développement, l’Ariège tire
son épingle du jeu.
Ce petit département
compte 7 « agendas 21 territoriaux » reconnus par l’Etat, c’est à
dire 7 démarches pluriannuelles de développement durable portées par des collectivités
locales avec leurs habitants : Dun, Laroque d’Olmes, Saverdun, Gajan,
Pamiers, département (porté par le Conseil général) et Parc naturel régional
des Pyrénées ariégeoises. Un agenda 21 est une liste d’objectifs et d’actions
pour faire progresser le territoire sur les trois piliers du développement
durable : organiser le covoiturage entre voisins ; distribuer des
boîtes à compost ; faire intervenir des associations environnementale dans
des réunions publiques ; etc. car l’imagination est au pouvoir et les
choix sont infinis.
En 2013,
Pamiers s’est vu décerner le label «Ruban du développement durable» parmi 24
collectivités (161 en 11 ans) par l’association
des maires de France, l’association des maires de grandes villes de France et
le Comité 21. Ont été particulièrement remarqués la première cantine Bio et du
Terroir de France et surtout l’agenda 21 local avec des actions concrètes
telles que l’aide intercommunale pour l’installation du système d’eau chaude
solaire, la chaufferie au bois, l’aide à l’achat de récupérateur d’eau de
pluie, la diminution des produits phytosanitaires, le ramassage des
encombrants, les jardins partagés, les pistes cyclables…
Sur les quelques 150
structures du réseau d’éducation à l'environnement et au développement durable
de Midi Pyrénées[24],
l’Ariège est bien représentée avec 30 adhérents.
Mais surtout je
souhaite évoquer la « « « mouvance » » », bien
visible autour du Mas d’Azil où je traîne mes guêtres, de ceux que mon grand
père appelait les « baba cool » (qu’ils me pardonnent, surtout, c’est
une citation !)
Car l’Ariège a eu un
destin national, aussi, pour ses capacités d’innovation sociale, et je fais
référence au SEL, Système d’échange local, créé en 1994 à Tapia en Ariège et
qui, s’il n’était pas le premier dans le monde, était le premier en France et a
donné lieu à un procès qui a fait du bruit.
Le SEL est un
échange organisé de services : tu répares ma voiture et je t’enseigne le
macramé, on se trouve via l’association locale. C’est ultra sympa mais … est-ce
du travail clandestin (pas de cotisations sociales, pas de la TVA,
l’intermédiaire n’a pas de statut sur le marché de l’emploi…), est-ce une
concurrence déloyale pour les entreprises ?
En septembre 1996
donc, deux adhérents du SEL ont aidé un troisième (tous Anglais) à réparer son
toit. Après dénonciation d’un voisin et enquête de la gendarmerie, les trois
adhérents ont été poursuivis pour travail clandestin et utilisation de
travailleurs clandestins, condamnés par le Tribunal de Foix le 06/01/1998 puis
relaxés en appel à Toulouse le 17/09/1998 car les conditions caractérisant un
travail clandestin n'étaient pas réunies.
Ce cas précis fait penser au sujet des
auto-entrepreneurs aujourd’hui : le procès de Foix a eu lieu sur plainte
d'un artisan-couvreur de Dun qui s'estimait lésé par le SEL. La Fédération du
bâtiment et des travaux publics s'était portée partie civile, ainsi que la
Chambre syndicale des artisans et des petites entreprises du bâtiment de
l'Ariège (Capeb).
Quelle frontière entre
aide entre voisins et travail au noir ? Entre développement de liens de
solidarité et risque d’effet d’aubaine ? Entre aide (entre personnes) et
assistance (la demandeuse n’avait de toutes façons pas les moyens de payer des
travaux, au pire elle aurait demandé un appui à la commune) ? Entre coup
de pouce bienvenu et porte ouverte aux ennuis en cas de malfaçons ?
Il ne s’agit pas que
d’une anecdote. Aujourd’hui « l’économie collaborative » a le vent en
poupe, elle fonce même à 80 nœuds (c’est beaucoup beaucoup !).
Covoiturage, couchsurfing, repas chez l’habitant,… les initiatives se multiplient grâce à internet et aux téléphones portables. Les professionnels s’en inquiètent, les services fiscaux aussi … mais en période de crise économique et de tension sur le budget des ménages, surtout des jeunes qui plébiscitent ces formes d’échanges qui permettent aussi de lutter contre le gaspillage, les pouvoirs publics essaient de ménager les uns et les autres…
Covoiturage, couchsurfing, repas chez l’habitant,… les initiatives se multiplient grâce à internet et aux téléphones portables. Les professionnels s’en inquiètent, les services fiscaux aussi … mais en période de crise économique et de tension sur le budget des ménages, surtout des jeunes qui plébiscitent ces formes d’échanges qui permettent aussi de lutter contre le gaspillage, les pouvoirs publics essaient de ménager les uns et les autres…
Il y a aujourd’hui 300 à
400 SEL en France.
Conclusion
Au terme de cet article j’aurai un peu rempli mes
obligations internationales (Convention d’Aarhus du 25 juin 1998 - Article
premier : Afin de contribuer à protéger le droit de chacun, dans les
générations présentes et futures, de vivre dans un environnement propre à
assurer sa santé et son bien_être, chaque Partie garantit les droits d'accès à
l'information sur l'environnement, de participation du public au processus
décisionnel et d'accès à la justice en matière d'environnement conformément aux
dispositions de la présente Convention ») et nationales (Charte de
l’environnement du 1er mars 2005, à valeur constitutionnelle : « Article 7
Toute personne a le droit, dans les conditions et les limites définies par la
loi, d'accéder aux informations relatives à l'environnement détenues par les
autorités publiques et de participer à l'élaboration des décisions publiques
ayant une incidence sur l'environnement »).
Cet article non
exhaustif a pour but de montrer la complexité des enjeux liés à
l’environnement, le poids du passé, les futurs débats déchirants de la
transition écologique, la forte présence des administrations, sur un territoire
qui n’en finit pas de nous surprendre par sa beauté et son astuce.
L’information
disponible est pléthorique … et incroyablement dispersée. Pour en donner une
petite illustration : lorsque je cherchais sur des sites spécialisés ce
sont les études très sérieuses du bureau des recherches géologiques et minières
(BRGM) qui sortaient en priorité ; et sur les sites généralistes, le museau de
l’ours me suivait inlassablement !
J’achèverai mon
propos par un jugement extérieur : le magazine La Vie a fait paraître le
14 novembre 2013 un palmarès 2013 des départements en matière d’écologie.
La Vie a passé 96 départements au crible selon 8 critères
environnementaux : consommation durable, protection de la biodiversité,
agriculture biologique, gestion des déchets, agenda 21, énergies renouvelables,
qualité de l'eau et qualité de l'air.
Source : La Vie 14 novembre 2013
L’Ariège y est 14ème, premier département sur 18 cotés « vert clair » (notes entre 11 et 12 sur 20) derrière 13 départements cotés « vert » (notre entre 12 et 20).
Ce n’est vraiment pas mal du tout !
Bon, ce qui énerve,
c’est que c’est la Haute Garonne, encore elle, TOUJOURS elle, qui remporte la
première place !!
Alors la première
fois que vous irez en Ariège, ne vous contentez pas de rapporter vos emballages
de la balade, pensez à tous les gestes qui feront de vous des
éco-ariégeo-citoyens durables, responsables éthiques et solidaires !
Mai 2014
Par Hélène Bégon – Tavera (de Robert Bousquet)
Actuellement sous directrice de l'intégration
du développement durable par les acteurs économiques
au ministère de l'écologie, du développement durable et de
l'énergie
AUCUN des propos tenus ici n’engage son ministère ; ils
sont entièrement personnels
Une version électronique de l’article, avec les liens internet
actifs, figure sur :
[1]
Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat
[2]
Et réciproquement !,,,
[3]
Le plaisir de la beauté de la nature peut en faire partie !
[4]
Moment théorique où l’on aura utilisé le maximum d’énergies fossiles (pétrole,
gaz…), après quoi les ressources n’iront qu’en s’amoindrissant jusqu’à leur
quasi disparition.
[5]
D’ailleurs les économistes essaient de leur donner un prix, ne serait-ce que
pour le comparer (en négatif, en cas de destruction) aux bénéfices d’un nouvel
aménagement, par exemple l’ouverture d’une carrière.
[6]
les pages sur les ressources naturelles du site de la direction régionale de
l'environnement, de l'aménagement et du logement Midi Pyrénées http://www.midi-pyrenees.developpement-durable.gouv.fr/eau-biodiversite-r1717.html
[20]
ou alibi écologique d’une activité ou d’un produit qui ne l’est guère
(« Qu’elle est verte ma lessive ! »)
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